vendredi 25 février 2011

Erotique subversive avec Marcel Mariën


"Muette et aveugle me voici habillée des pensées que tu me prêtes."


                                                                
Marcel Mariën (Anvers, 29 avril 1920 - Bruxelles, 19 septembre 1993) est un écrivain surréaliste belge, poète, essayiste, éditeur, photographe, cinéaste, créateur de collages et d'objets insolites. Il est en 1979 le premier historien du surréalisme en Belgique.
Ami du peintre René Magritte, il fut, à travers les éditions de «L'Aiguille aimantée» qu'il avait fondée en 1940, un des principaux animateurs du mouvement surréaliste belge.
La Mire (collage)
"Les conséquences de ce qu'on ne fait pas sont les plus graves." (Marcel Mariën)


" J'ai nommé étrécissements les résultats d'un procédé que j'ai expérimenté pour la première fois au cours de l'été 1964. Manoeuvrant à l'estime une paire de ciseaux, je découpais une image de magazine (...) Cette altération complète du sens primitif, cette sorte d'opération césarienne extrayant d'une image existante une image qui lui est totalement opposée dans son aspect et sa signification, cette vie occulte brusquement étalée au grand jour par le simple jeu d'une paire de ciseaux- tout cela ne me fut pas indifférent(...) L'arbitraire esthétique intervenait de façon inattendue - à mes yeux, hautement opportune - pour sauver de l'insignifiance et de la banalité des images particulièrement ingrates à l'état brut, soit qu'elles émanassent de simples prospectus publicitaires trouvés dans ma boîte à lettres, soit d'images sorties de magazines galants dont on sait combien l'efficacité instantanée cède rapidement le pas à la monotonie. "
La Star, étonnante photo de montage d’une perruque sur un sein.
                                                           La Cathédrale (collage)
"On dit plus en ne disant rien." (Marcel Mariën)
"Les conséquences de ce qu'on ne fait pas sont les plus graves."(Marcel Mariën)

jeudi 24 février 2011

La Belle au bois dormant et les momies de Palerme


Les catacombes contiennent aujourd'hui environ 8000 momies, disposées le long des murs.


Les galeries sont divisées en plusieurs catégories : Hommes, Femmes, Vierges, Enfants, Prêtres, Moines et Professionnels. Certains corps sont mieux préservés que d'autres, et certains sont figés dans une pose particulière : ainsi de deux enfants assis ensemble sur une chaise berçante.

Le cimetière du monastère des Capucins commençant à manquer de place, les moines entamèrent la construction d'une crypte sous ce dernier.

1599, Palerme. Silvestro de Gubbio, moine capucin meurt. Ses frères le momifient et le placent dans les catacombes sous l’église.



Cette pratique se perpétue jusqu’au frère Riccardo en 1871, mais elle ne se limite pas aux seuls moines. Beaucoup de gens de la ville demandent à être momifiés et cette pratique se répandit, devenue  une marque de prestige social pour l'aristocratie sicilienne.



Dans leurs testaments, les intéressés demandaient à être conservés avec un certain type de vêtements, ou même à ce qu'on change leurs habits à intervalles réguliers.



Les prêtres portaient leurs vêtements sacerdotaux, tandis que d'autres voulaient s'habiller à la mode de leur époque.



Les proches parents rendaient souvent visite à leurs disparus, non seulement pour prier mais aussi pour maintenir les corps dans un aspect présentable.



Les catacombes furent entretenues pendant des siècles grâce aux dons des familles. Chaque nouveau corps était placé dans une niche temporaire, avant d'être déplacé dans son lieu de repos définitif. Tant que les dons se poursuivaient, le corps restait à sa place. Dans le cas contraire, le cadavre était entreposé sur une étagère en attendant l'arrivée de nouveaux fonds.



Le dernier moine inhumé fut le frère Riccardo en 1871, mais d'autres personnes extérieures au monastère continuèrent à y entrer. Les catacombes ont cessé officiellement de fonctionner en 1880, bien qu'elles restent accessibles aux touristes et que les derniers enterrements aient en réalité eu lieu dans les années 1920.

L'une des toutes dernières inhumées fut la petite Rosalia Lombardo, morte de pneumonie à l'âge de deux ans.
Ses restes sont placés dans un cercueil de verre, image de la Belle au bois dormant.

Son corps, embaumé par Salafia, semble toujours intact, il s'agit d'un travail absolument incroyable. A la différence des autres momies voisines qui sont présentées comme étant vide et sèche, la belle rosalia possède encore ses vrais cheveux noués à l'aide d'un joli nœud de soie jaune, ils tombent délicatement en boucle sur son front et lui confèrent un visage des plus doux et attendrissant. Les yeux de cette toute jeune enfant sont fermés et ses cils sont encore intacts.
Elle pourrait presque ressembler à une enfant endormie sur le siège arrière d'une voiture.

Les rayons X ont montré que le cadavre était incroyablement préservé, avec des organes en excellent état. Sans doute grâce à l'air très sec des catacombes, au formaldéhyde utilisé comme fluide d'embaumement et à un autre ingrédient, aujourd'hui très peu employé : pétrifié par du zinc, le corps ne présente que quelques signes de vieillissement, comme une couleur de peau plus foncée là où elle est exposée à l'air ou à la lumière.

Dali ou la beauté convulsive

                                                                       Lucifer

"La « Beauté convulsive»
Le surréalisme s’est voulu l’acteur d’un devenir « convulsif » du monde. L’hallucination, le désir que l’artiste projette sur les êtres et les choses étaient les agents de cette métamorphose. Le corps humain est déformé, désarticulé comme un mannequin et ré-articulé de manière souvent troublante, qui témoigne d’un univers érotique singulier. Les œuvres de Dali témoignent d’une affirmation de l’individu qui plonge ses racines dans l’inconscient, et proposent des images du corps inquiétantes par leur coté obsessionnel."

 "Jeune Vierge autosodomisée par les cornes de sa propre chasteté"
"Il est difficile d'attirer l'attention tendue du monde pendant plus d'une demi-heure de suite. Moi, j'ai réussi à le faire pendant vingt ans, et chaque jour. Ma devise a été « que l'on parle de Dali même si on en parle bien" (Dali)

Le grand masturbateur
"Je considère l'amour comme l'unique attitude digne de la vie de l'homme." (Dali)

                                  Enfant géopolitique observant la naissance de l'homme nouveau

"Aucun désir n'est coupable, il y a faute uniquement dans leur refoulement." (Dali)
                                                          Prémonition de la guerre civile
"L'activité paranoïaque critique est une force organisatrice et productrice de de hasard objectif." (Dali)
                                                                Le spectre du sex-appeal
"La beauté sera comestible ou ne sera pas." (Dali)
  Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une pomme-grenade une seconde avant l'éveil.
"Ma vie entière a été déterminée par deux idées antagoniques : le sommet et le fond." (Dali)
Le Labyrinthe
"Il y a des jours où je pense que je vais mourir d'une overdose d'autosatisfaction"(Dali)
                                                      Cannibalisme de l'automne
"Ne t'occupe pas d'être moderne. C'est l'unique chose que malheureusement, quoi que tu fasses, tu ne pourras pas éviter d'être" (Dali)
Bacchanale
"Ne craignez pas d'atteindre la perfection, vous n'y arriverez jamais" (Dali)

mercredi 23 février 2011

Yukio Mishima, la mort en beauté

                                                                
Juste pour le plaisir, voici quelques illustrations de Sayaka Maruyama sur des citations de Yukio Mishima, ce talentueux écrivain japonais qui se donna la mort suivant un rituel par seppuku (éventration).


"Une trop longue souffrance rend stupide, mais celui que la souffrance a rendu stupide peut encore connaître la joie." (Yukio Mishima)



"Où en es-tu ? Ton bateau est sur le point de sombrer. Et tu n’as pas encore appelé au secours ? Ce bateau, tu l’as cruellement malmené et t’es ainsi privée de port. L’heure est venue où il te faut nager de tes propres forces. Tout ce qui t’attend est la mort. Est-ce là ce que tu souhaites ?" (Yukio Mishima)


« Il me faut tout absorber… il me faut tout absorber les yeux fermés… Cette souffrance, je dois apprendre à la savourer… Le chercheur d’or ne saurait s’attendre à ne trouver que de l’or. Il doit ramasser le sable au hasard au fond de la rivière. Il n’a pas le privilège de savoir à l’avance s’il réussira. Il se peut qu’il n’y ait pas d’or du tout et il se peut qu’il y en ait. Mais une chose est certaine : celui qui ne va pas à le recherche de l’or ne fait jamais fortune. » (Yukio Mishima)


 "Quoi qu'il en soit de l'au-delà, en ce monde-ci il n'y a que l'accomplissement."(Yukio Mishima)

« Les gens qui ne portent que des vêtements de confection sont enclins à douter de l'existence des tailleurs. Et, bien que captivé par des tragédies de confection, ce couple [Kensuké et Chiéko] était incapable de concevoir que les tragédies de certaines personnes sont faites sur mesure ».
« J’aime la destruction autant que l’équilibre. Plus exactement, le concept d’un équilibre contrôlé et construit dans le but exclusif de sa propre destruction finale, est ma conception dramatique et même esthétique fondamentale. »
« L’adversaire et moi habitions le même monde. Quand je regardais, l’adversaire était vu ; quand l’adversaire regardait, moi-même j’étais vu ; nous nous faisions face, qui plus est, sans imagination intermédiaire, tous deux appartenant au même monde d’action et de force - autrement dit, le monde de « ce qui est vu ». »

samedi 19 février 2011

Suicide dans l'alcool et nus troublants avec Heinz Hajek Halko

Autoportrait sanglant et suicidaire sous cloche (Suicide dans l’alcool, 1925).

Heinz Hajek-Halke (1898 - 1983) fait partie de ces très rares artistes demeurés en Allemagne durant la guerre et qui tentèrent après 1945 de renouer avec le fil d'une pratique d'avant-garde qui avait été la leur dans les années 20.


 ”N’auriez-vous pas une femme pour moi ?” est le titre de cette photo où des mains essaient de saisir cette femme nue apparaissant sur une plaque de verre.

Nu dans le sable



Le renversement, le sourire extatique, les yeux chavirés sont chargés d’un érotisme qui rappelle Man Ray ou qui évoque Bataille. Rien n’est innocent, tout est suggéré.
Autoportrait
Le mauvais épilogue (1932) est une de ses photos les plus connues, sans doute du fait de la violence de la juxtaposition de ces trois hommes d’affaires en haut-de-forme et du corps de femme étalé au sol qu’ils piétinent. 

Photographe illustrateur il pratique avec succès le photomontage dans un esprit très dadaïste et enseigne à la Kunstgewerbeschule.
Sous l'oeil du tueur ?

Des images comme "Nu noir et blanc" sont très largement reproduites et figurent dans des revues avancées comme "Der Querschnitt" aussi bien que dans des publications plus "commerciales.


En 1933, il choisit de s'installer au bord du lac de Constance et de se spécialiser dans la photographie scientifique.