lundi 23 septembre 2013

La mort comme source d'art ou l'art de la plastination avec Gunther von Hagens


Durant l'Antiquité, le corps humain étant sacré dans toutes les civilisations, leur dissection est interdite, à l'exception des embryons qui peuvent être disséqués par des savants grecs car ces embryons sont supposés non venus à la vie.

Les premières planches anatomiques voient le jour vers le XIIIème siècle pour des raisons médico-légales (affaires juridiques, épidémies)., mais il faudra attendre la Renaissance pour qu'André Vésale, ouvre les portes de cette science.
C'est en 1543 que ce médecin, premier véritable anatomiste, procède à une dissection publique du corps de Karrer Jakob von Gebweiler, un meurtrier célèbre de la ville de Bâle, en Suisse. Il remet en cause 200 erreurs de Galien. La première dissection publique d'un être humain en Europe centrale est réalisée par le médecin slovaque Ján Jesenský en 1602.

Bien qu'à cette époque la dissection soit toujours prohibée, les médecins peuvent utiliser les cadavres de suppliciés ou de condamnés afin d'améliorer leurs connaissances.
Il n'était pas rare dès lors, de voir, à la tombée de la nuit, des voleurs subtiliser des corps dans les fosses communes ou les morgues

Les plastinations de von Hagens s'inscrivent dans la filiation directe des travaux de la Renaissance qui mêlent alors art et science.

La plastination est une méthode de conservation créée en 1977 par l'anatomiste Gunther von Hagens. Elle est introduite par la suite au Canada par le docteur Régis Olry, professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières et ancien assistant de Gunther von Hagens.
Aussi appelée imprégnation polymérique, cette technique vise à préserver les tissus biologiques en remplaçant les différents liquides organiques par du silicone.

Gunther von Hagens, né Gunther Liebchen le 10 janvier 1945 à Skalmierzyce, est un anatomiste allemand, inventeur de la plastination, une technique visant à conserver des corps ou des parties d'êtres décédés.

La plastination, aussi appelée imprégnation polymérique est une technique visant à préserver des tissus biologiques en remplaçant les différents liquides organiques par du silicone.

Surnommé "Docteur la mort", le médecin anatomiste manipule, découpe et colore des cadavres humains dans son atelier-musée de Guben.

En 1996, il accepte une chaire de professeur à l'Université médicale de Dalian en Chine et devient directeur du Centre de recherche sur la plastination à l'Académie médicale de l'Etat à Bichkek au Kirghizistan.

Depuis 1997, il est à l'origine de Body Worlds (Körperwelten en allemand), une exposition très controversée sur des corps ou des parties de corps humains qui ont été plastinés.
"Je refuse de ne présenter que des poupées mortes ", explique-t-il. Substituant le scalpel au burin, il dédouble os et masse musculaire, fait jouer les articulations, ouvre les ventres et recompose des attitudes.

"J'ai inventé la plastification des corps, ou plastination, à l'âge de 32 ans, la moitié de mon âge actuel, avec le souhait d'éclairer le public sur les mystères du corps humain et de lui présenter son plein potentiel. Maintenant que je suis sexagénaire, il me semblait tout naturel d'utiliser mes connaissances scientifiques pour aborder, au travers de Body Worlds, les secrets de la vitalité, de la longévité et du bien-être".(Gunther Von Hagens)

Le site : http://www.bodyworlds.com/en/gunther_von_hagens/life_in_science.html


La plastination est réalisée en quatre étapes :
- Les corps ou parties de corps sont imprégnés de formaldéhyde (formol, produit chimique usuellement employé pour l'embaumement des corps ou la conservation de spécimens anatomiques) pour que ce dernier se fixe sur les tissus jusqu'à la moindre cellule, cette étape antibactérienne stoppe ainsi la dessiccation et la putréfaction des tissus.

- Durant un minimum de 15 jours, les corps sont placés dans des bains d'acétone froid (composé hydrophile) qui attire les molécules d'eau des cellules. Ils sont ensuite plongés dans un bain d'acétone chaud pour dissoudre les graisses.

- Les liquides organiques (comme l'eau et le sang) et les graisses, qui ont été éliminés dans le bain d'acétone sont remplacés par du silicone de caoutchouc ou de la résine époxy durant les processus d'« imprégnation forcée » : le corps est plongé dans une cuve hermétiquement close et remplie de silicone de caoutchouc ou de résine époxy, reliée à une pompe. Les résidus d'acétone sont ainsi éliminés par évaporation (éliminant ainsi les liquides et le graisse qu'ils contenaient) et les tissus sont à nouveau comblés par le silicone ou la résine.

- Les corps sont durcis une fois pour toutes, après fixation du silicone (induction par polymérisation), soit par un gaz durcisseur, soit par la chaleur.

- Arrive ensuite, dans le cas par exemple d'un corps complet, la mise en forme du corps, on utilise pour « fixer » la position du corps, des câbles, pinces, blocs de mousse, etc...

Le temps total de préparation pour un corps humain entier avoisine généralement les 1 500 heures et nécessite près d’un an.



Photographie de Marco Secchi









"La plastination permet de redonner vie à cette fascinante idée d'une symbiose entre l'art et l'anatomie. Elle stoppe la décomposition et la dessications si parfaitement que l'anatomie humaine conserve son esthétique intrinsèque"(Gunther von Hagens)