mercredi 3 février 2016

Le Colosse de l'Appennin par Giambologna


Le Colosse de l'Apennin (en italien : Il Colosso dell' Appennino) est une sculpture monumentale construite de 1579 à 1583 par le sculpteur d'origine flamande Giambologna (1529-1608).
Ce géant moitié homme, moitié montage est situé dans le Parco Pratolino di Mediceo, espace vert dans la commune de Vaglia, à 12 km au nord de Florence, en Toscane (Italie).

Taillé dans la roche, le Colosse de l'Apennin, haut de 14 mètres, représente selon certaines sources le dieu romain Jupiter, et selon d'autres, le dieu des montagnes - les Apennins étant toutes proches - dont il symboliserait la rudesse (voir les stalactites dans la barbe et les cheveux).

Un réseau hydraulique complexe et ingénieux créé par l'ingénieur Bernardo Buontalenti prend naissance dans les entrailles du géant et distribue l'eau dans tout le parc via des canalisations cachées qui alimentant fontaines, grottes artificielles et bassins du domaine.

La tête du colosse communiquait ainsi avec les diverses sources d'eau contenues dans le corps, assurant le fonctionnement des fontaines et des jeux d'eau sonores qui se trouvaient à l'intérieur du colosse.

L'intérieur de la sculpture est en effet creusé de plusieurs petites chambres communicantes sur trois niveaux : à la base, vers le ventre et dans la tête. Elles sont éclairées par la lumière du jour qui filtre à travers les fentes des yeux et des oreilles. Deux pièces au second étage : la grotte de Thétis qui communiquait avec une pièce plus petite décorée de fresques sur le thème de l'extraction des minerais.

Elles ont l'aspect de grottes (à la mode pendant la Renaissance), effet voulu, obtenu par des enduits sur les murs. À l'origine, ces chambres/grottes étaient décorées du thème du monde souterrain. Dans une des pièces, les murs étaient incrustés de coquillages, de coraux, de perles et de cristaux (certains sont encore visibles aujourd'hui). Des fresques murales représentaient des mineurs musclés extrayant des minerais précieux ; dans une autre grotte, c’était des animaux et des bergers ; dans une autre encore, des poissons.

Dans la grotte de Thétis, la plus grande des chambres du deuxième niveau, une fontaine imposante occupait quasiment tout l'espace : la vasque s'élevait depuis une bassin octogonal avec des coquillages et des nacres, et lançait des jets d'eau vers le haut. Une statue de la nymphe marine Thétis, faite entièrement de divers coquillages, était assise à son sommet ; l'eau jaillissait tout autour d'elle. Des niches étaient creusées dans le mur tout autour de la chambre et contenaient des statues de personnages allégoriques représentant Livourne (ville), l'Île d'Elbe (le fleuve), des sirènes et autres. De cette pièce, un escalier conduisait à la deuxième chambre, qui, elle, contenait une autre fontaine de coquillages avec une vasque de jaspe ornée de corail.

Au-dessus de la grotte de Thétis, une salle dont la fontaine centrale était ornée d’une (vraie) grande branche de corail, communiquait par un couloir et quelques marches à la petite chambre située dans la tête du géant.

Dans ces chambres/grottes, il y avait également des jeux d'eau dits "de plaisanterie"(scherzi d’acqua) : lorsque les visiteurs entraient dans une chambre, des fontainiers activaient des robinets secrets à l’extérieur de la statue, ce qui avait pour effet de produire une pluie qui se mettait à tomber de la voûte et mouillait les visiteurs, qui partaient en courant. Dans la grotte de Thétis, des jets d’eau étaient projetés au visage dès qu'un visiteur posait le pied sur telle dalle ou marche d'escalier piégée, activée par des "capteurs" de poids. Quand ce n'étaient pas les dalles et les marches, c'étaient les statues qui projetaient elles aussi des jets d'eau sur le visiteur grâce au système de capteurs. Le parc était truffé de ces scherzi d’acqua.

Il y avait également des automates (objet de luxe alors très en vogue auprès de la noblesse occidentale) mus par des mécanismes hydrauliques : statues de bergers et de bergères jouant d'instruments de musique (qui émettaient de vraies notes), et fontaines avec des automates. Rien de tout cela ne subsiste aujourd’hui.

Il paraît que la chambre qui se trouve dans la tête était utilisée par François de Médicis qui s’en servait pour pêcher… sa ligne sortait tout simplement de l’oeil.


Le Colosse en 1911


Une maquette représentant l'intérieur du colosse

Salles intérieures